Haïti/Sécurité: La fuite de l’État et la domination des gangs à Port-au-Prince




L’insécurité continue d’augmenter en Haïti, et Port-au-Prince devient une cible privilégiée des gangs. La capitale, assiégée et prise en étau par les gangs armés, est abandonnée par l’État. Le manque de sécurité et l’incapacité du gouvernement à faire fonctionner ses institutions entraînent l’abandon progressif des bâtiments publics, ce qui montre la faiblesse de l’État face à l’augmentation de la violence des gangs.

Près de cinquante bâtiments publics essentiels au bon fonctionnement du pays sont laissés à l’abandon, en particulier dans le centre-ville de Port-au-Prince. L’Université d’État d’Haïti a fermé plusieurs de ses établissements, et des institutions comme la Douane, l’Autorité Portuaire Nationale (APN) et le Service Maritime (SEMANAH) sont hors service, permettant aux trafiquants de poursuivre leurs activités sans entrave. Armes, drogues et produits illégaux se propagent, transformant la capitale en un centre de l’économie criminelle.

Pétionville, qui reste relativement épargnée, devient un refuge pour les services administratifs et économiques, attirant de plus en plus d’activités publiques et privées. Le secteur éducatif est également en crise : des lycées tels que Pétion, Toussaint Louverture et Dessalines, ainsi que des universités de Droit et de Médecine, ont fermé. Des lieux culturels comme le Théâtre National et l’École des infirmières ont été laissés à l’abandon, fragilisant davantage la stabilité institutionnelle de la ville.

L’insécurité qui ravage Port-au-Prince a entraîné des fermetures supplémentaires dans le secteur éducatif. Parmi les établissements touchés, l’Institution Saint-Louis de Gonzague a suspendu toutes ses activités en présentiel, recommandant aux élèves de rester chez eux jusqu’à la reprise des cours en ligne le 20 mars. De même, le Petit Séminaire Collège Saint-Martial, qui venait de célébrer ses 160 ans le 16 mars, a dû fermer ses portes face à la situation critique.

Entre le 14 février et le 5 mars 2025, plus de 40 000 personnes ont été déplacées, selon les Nations unies. Depuis 2024, Haïti déplore plus de 5 600 morts et 1 494 enlèvements. Ces chiffres montrent que l’abandon des bâtiments publics et des institutions s’aggrave, tout comme la vulnérabilité des populations. Les activités humanitaires ont été suspendues dans des zones comme Turgeau, où des organisations telles que Médecins Sans Frontières ne peuvent plus intervenir. En mars 2025, un camp de déplacés a été attaqué, faisant un mort et plusieurs blessés. Ces événements témoignent de la souffrance de la population, privée à la fois de la protection de l’État et de l’aide internationale.

L’État pourrait sembler impuissant face aux gangs armés. Certains pensent que cette inaction pourrait être une stratégie pour protéger certains intérêts. Toutefois, avec des actions récentes, comme le message clair de la task force, l’État a montré qu’il est capable d’intervenir. Est-ce un véritable manque de moyens ou une tactique ? La question reste ouverte.

En conclusion, la situation à Port-au-Prince montre l’abandon progressif du pays par l’État face à la montée de l’insécurité et des gangs armés. L’incapacité du gouvernement à maintenir ses institutions, comme les écoles et les services publics, a plongé Haïti dans une crise profonde. Le déplacement massif de la population et la fermeture d’établissements montrent la vulnérabilité croissante des Haïtiens. Si l’État semble impuissant, des doutes subsistent sur la véritable raison de son inaction : un manque de ressources ou une stratégie cachée ? La capitale, autrefois cœur administratif et culturel, est aujourd’hui dominée par la violence, creusant l’écart entre les citoyens et les institutions censées les protéger.