Haïti, en proie à une insécurité généralisée, fait face à des défis majeurs dans sa lutte contre les gangs armés. Alors que les autorités nationales tentent de reprendre le contrôle du territoire, des acteurs internationaux, notamment les Nations unies, imposent des directives qui redéfinissent les stratégies locales. Une question clé émerge : ces nouvelles règles, bien qu’établies dans un souci d’éthique et de droits humains, freinent-elles les efforts de lutte contre les gangs ou permettent-elles de bâtir un cadre stable et durable pour rétablir l’ordre ?
Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a exprimé son soutien à l’utilisation de drones kamikazes pour neutraliser les chefs de gangs. Lors d’une interview, il a affirmé être “100 % favorable” à cette stratégie, soulignant la nécessité de mesures adaptées face aux actions des bandits. Cependant, cette proposition a suscité des réserves. Un représentant des Nations unies a mis en garde contre l’utilisation de drones kamikazes, soulignant les risques élevés de dommages collatéraux et les risques pour la vie civile. Ce désaccord reflète un conflit latent entre la nécessité d’une réponse musclée face aux gangs armés et les normes imposées par la communauté internationale.
Le Syndicat des Policiers Nationaux d’Haïti (SPNH-17) a exprimé sa frustration face aux retards dans la livraison d’équipements essentiels pour la lutte contre les gangs. Lors d’une conférence de presse, un porte-parole du SPNH-17 a souligné les difficultés rencontrées en raison de ces retards, impactant gravement les capacités opérationnelles de la police. En réponse, un responsable américain a affirmé que les retards étaient dus à des mesures strictes visant à garantir que l’équipement livré soit utilisé dans le respect des droits humains. Ces tensions mettent en lumière les enjeux géopolitiques complexes qui entourent la crise haïtienne, où l’aide internationale est perçue par certains comme un frein aux efforts locaux.
La Police Nationale d’Haïti (PNH) a récemment mené une opération majeure contre le gang 5 Segond, dirigé par Johnson André, alias “Izo”. Pierre Espérance a salué cette initiative, déclarant que la peur commence à s’installer chez les groupes criminels. Cependant, des experts en sécurité avertissent que ces succès, bien que significatifs, ne résoudront pas la crise tant qu’il n’y aura pas de stratégie globale et coordonnée. La PNH continue de faire face à un manque de ressources et à des défis logistiques importants, ce qui freine l’efficacité de ses opérations.
Le nouveau protocole d’engagement imposé par les acteurs internationaux révèle les tensions entre la souveraineté d’Haïti et l’assistance étrangère. Si ces mesures visent à prévenir les abus et à garantir le respect des droits humains, elles limitent cependant les capacités locales à répondre efficacement à la crise sécuritaire. L’aide internationale, conditionnée par des exigences géopolitiques, semble freiner les efforts de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui, malgré quelques succès ponctuels, manque de ressources et de soutien logistique pour lutter durablement contre les gangs. Face à cette situation, une approche internationale coordonnée semble indispensable pour restaurer l’ordre et soutenir Haïti dans sa lutte contre l’insécurité, tout en respectant les principes essentiels des droits humains.