Synthèse des grands titres
de l'actualité haïtienne
du 11 au 18 mai 2025
Le référendum constitutionnel prévu le 11 mai 2025 n’a pas eu lieu, provoquant de vives critiques du Conseil présidentiel de transition (CPT) envers le Comité de pilotage, accusé de manque de transparence. La sécurité en Haïti reste fragile, avec des manifestations dispersées violemment et des tensions entre la population et la police. Sur le plan social, le gouvernement tente de relocaliser les déplacés internes, tandis que la corruption continue d’affaiblir les institutions. Par ailleurs, un accord militaire entre Haïti et la République dominicaine suscite des inquiétudes quant à la souveraineté nationale.
POLITIQUE
Le CPT critique le Comité de Pilotage sur la non tenue du référendum : Prévu pour le 11 mai 2025, le référendum sur la nouvelle Constitution haïtienne n’a pas eu lieu, suscitant les critiques du Conseil présidentiel de transition (CPT) contre le Comité de pilotage, accusé de silence et de manque de transparence malgré la soumission d’un avant-projet de Constitution au gouvernement. L’absence de communication officielle, les tensions persistantes et l’insécurité croissante compliquent le processus. Le 12 mai, le Secrétariat général de la Présidence a adressé deux lettres : l’une au Représentant résident du PNUD, Xavier Michon, exigeant un état détaillé des dépenses effectuées pour le Comité de pilotage, et l’autre à Enex Jean-Charles, président du Comité, exprimant des inquiétudes sur l’absence d’informations concernant la préparation du scrutin. Ces démarches reflètent l’impatience croissante de la Présidence face aux retards et aux zones d’ombre dans la gestion de la transition constitutionnelle.
Me Sonet critique de l’échec du référendum constitutionnel : Me Sonet Saint-Louis, professeur de droit constitutionnel, dénonce l’échec du référendum du 11 mai 2025, qu’il juge illégitime et sans mandat démocratique, critiquant le gaspillage des fonds publics, les manœuvres du Conseil présidentiel de transition (CPT) pour prolonger son mandat avec l’appui de la CARICOM, ainsi que la tentative d’abroger la Constitution de 1987 sans consultation populaire ; il accuse une classe politique sans vision de confisquer les institutions et de gouverner sans contrôle, estimant que les motivations sont avant tout financières et que la recomposition géopolitique place Haïti sous influence étrangère, appelant à une résistance pacifique pour préserver les institutions et la souveraineté populaire.
Un budget colossal pour la célébration du drapeau haïtien: Le gouvernement haïtien a alloué un budget de 300 à 400 millions de gourdes pour célébrer le 222e anniversaire du drapeau haïtien. Ce financement a permis d'organiser les festivités officielles au Cap-Haïtien, le dimanche 18 mai 2025, ainsi que des événements à travers les dix départements du pays. L’objectif de cette commémoration est de renforcer l’unité nationale et de lui conférer une dimension historique et civique. La ministre de la Jeunesse, Niola Lynn Sarah Devalis Octavius, a présenté, le 13 mai 2025, les grandes initiatives mises en place pour ces célébrations.
SECURITE
Encore une manifestation dispersée à coup de gaz lacrymogène : La manifestation du Mouvement Jeunesse Debout contre le Conseil présidentiel de transition (CPT) à Delmas 40B a tourné à la violence lorsque la Police nationale d’Haïti (PNH) a brutalement dispersé la foule à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, provoquant des blessés et une panique généralisée ; les protestataires, privés d’accès au Carrefour de l’aéroport sous contrôle des gangs, avaient parcouru plusieurs kilomètres pour dénoncer l’inaction des autorités face à l’insécurité grandissante, la corruption et le gaspillage des ressources publiques, mais leur mobilisation a été étouffée par les forces de l’ordre, poussant Stevenson Telfort, alias « Atròs », leader du mouvement et rappeur du groupe « Rockfam Lame a », à suspendre le parcours initialement prévu afin de repenser les stratégies de contestation.
Tension entre la population et la PNH à Anse-d’Hainault : Le 12 mai 2025, un incident tragique à Anse-d’Hainault a entraîné la mort de Sonson et Brunelson Brinezil, abattus par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH). L’événement, survenu après une altercation au tribunal de paix, a dégénéré lorsque Brunelson Brinezil, en colère, s’est rendu au commissariat où il a été abattu. Son oncle Sonson, tentant de calmer la situation, a également été mortellement blessé. La population, furieuse, a incendié le commissariat, poussant les policiers à fuir. Face à cette crise, les habitants réclament une enquête indépendante, dénonçant l’impunité policière et exigeant une réforme pour garantir une justice transparente et prévenir de futurs
La PNH est à pied d'œuvre : La Police Nationale d’Haïti (PNH) est à pied d’œuvre cette semaine pour renforcer la sécurité et lutter contre la criminalité à travers le pays.
Dans le Sud-Est, le commissaire Fritz Jean Charles a été installé à la tête du sous-commissariat de Cayes-Jacmel, succédant à Rosny Jean Duval, dans le cadre d’un renforcement du commandement local.
À Dedye, dans l’Artibonite, les forces de l’ordre ont arrêté Duferson Jeune, alias Sonson, membre du gang “5 secondes”, impliqué dans plusieurs crimes à Cabaret.
Au Cap-Haïtien, la SDPJ-Nord a capturé Jameson Frédéric, alias Tapè, affilié au gang “Kraze Baryè” dirigé par Vitelhomme Innocent, et soupçonné d’avoir participé à l’assassinat du commissaire Robert Plaisimond en 2022, ainsi qu’à des enlèvements à Tabarre 43.
Dans la commune d’Anse-à-Pitres (Sud-Est), la police a interpellé Saint Louis Anthony Santo, 24 ans, membre présumé du gang Simon-Pelé, pour sa participation présumée à l’incendie criminel du concessionnaire Automeca à Port-au-Prince dans la nuit du 7 au 8 mai.
Une importante opération menée à Kenscoff les 10 et 11 mai a permis la libération de plusieurs otages et la reprise de zones contrôlées par des groupes armés.
Atterrissages mystérieux à Savanne Diane : le gouvernement garde le silence : Le 15 mai, plusieurs hélicoptères ont atterri à Savanne Diane, Maïssade, sans explication claire, ce qui a provoqué des inquiétudes. La déléguée du Centre, Maître Occéan Frédérique, accompagnée des forces de l’ordre, s’est rendue sur place pour enquêter. Les occupants des hélicoptères ont donné des réponses différentes : certains se disaient agents de sécurité, d’autres transportaient du matériel pour la police, et certains prétendaient travailler pour le bureau du Premier ministre. Un document de l’OFNAC indique qu’une autorisation de vol aurait été délivrée par ce bureau, mais le gouvernement n’a toujours pas réagi officiellement, laissant de nombreuses questions sans réponse.
SOCIETE
Relocalisation des déplacés : une réponse tardive face à une crise aggravée: Le gouvernement haïtien a lancé, ce jeudi 15 mai, la première phase de son programme de relocalisation des déplacés internes, distribuant des chèques de 100 000 gourdes à plus de 3 000 familles contraintes de fuir leur domicile en raison de l’insécurité grandissante ; cette initiative, portée par le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST), vise à accompagner jusqu’à 10 000 ménages, tandis que le secrétaire d’État à l’Intégration des personnes handicapées, Génard Joseph, a salué cette démarche tout en dénonçant les conditions de vie « inhumaines » des déplacés, alors que les violences perpétrées par les gangs de la coalition « Viv Ansanm » ont provoqué un exode massif, laissant plus d’un million de personnes dans une précarité alarmante.
Un nouveau coup dur pour la corruption en Haïti: L’organisation Ensemble Contre la Corruption (ECC) salue, dans un communiqué, la transmission par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) de six nouveaux rapports d’enquête au système judiciaire haïtien, en date du 8 mai 2025. Lesquels rapports révélant des détournements de fonds et des abus de fonction impliquant vingt-cinq agents publics, notamment au sein de l’administration fiscale, de l’OPC, de l’OFATMA et des services d’immigration ; ECC dénonce l’inertie judiciaire persistante et appelle à l’autonomie du Pôle Judiciaire Spécialisé pour lutter efficacement contre l’impunité.
Les Mirebalaisiens ferment la centrale de Peligre fermée pour exiger la sécurité : Des citoyens de Mirebalais ont décidé, le mardi 13 mai, de fermer la centrale hydroélectrique de Peligre pour protester contre la détérioration de la sécurité dans leur région. Confrontés à la violence des gangs et à l’inaction des autorités, ils ont choisi de paralyser une infrastructure essentielle afin d’attirer l’attention du gouvernement. Leur principale revendication est l’adoption de mesures urgentes pour rétablir la sécurité et permettre aux populations déplacées de rentrer chez elles en toute tranquillité. Cette action illustre le désespoir croissant face à l’insécurité persistante en Haïti, avec des conséquences potentielles sur l’approvisionnement énergétique du pays. Les citoyens espèrent que cette initiative contraindra les autorités à agir rapidement contre la violence qui ravage la région.
L’APPE menace de suspendre l’approvisionnement en carburant face à l’inaction du gouvernement : Les entreprises fournissant du gaz au gouvernement haïtien formant l’APPE, dans une lettre adressée au premier Ministre Alix Didier Fils Aimé, ont menacé de cesser leurs activités si les autorités ne prennent pas des mesures concrètes pour résoudre la crise actuelle. Cette menace intervient alors que des groupes armés contrôlent une grande partie de Port-au-Prince, paralysant l’économie et l’approvisionnement en carburant. Les précédents blocages du terminal pétrolier de Varreux ont déjà provoqué des pénuries de carburant et aggravé la situation humanitaire. Malgré l’adoption d’un nouveau budget pour renforcer la sécurité, les ressources restent insuffisantes face à l’ampleur des défis. Les compagnies pétrolières, inquiètes pour la sécurité de leurs employés et infrastructures, exigent une réponse gouvernementale immédiate pour stabiliser la situation.
EDUCATION
Le gouvernement honore les enseignants et promet des réformes éducatives: Le 16 mai 2025, le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé a participé à la Journée nationale des enseignantes et enseignants d’Haïti, organisée par le MENFP à l’hôtel Karibe, Pétion-Ville. Cette cérémonie a mis en avant l'engagement de l'État à améliorer les conditions de travail des enseignants. Le Premier Ministre a salué leur courage et leur dévouement malgré les difficultés, soulignant leur rôle crucial dans la construction d’une Haïti nouvelle. Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à renforcer le système éducatif pour bâtir une société plus juste et prospère.
ECONOMIE
Relance industrielle en Haïti : la BID s’engage à revitaliser le Parc Industriel de Caracol: Le 8 mai 2025, le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Ilan Goldfajn, a visité le Parc Industriel de Caracol (PIC) dans le Nord-Est d’Haïti, accompagné de hauts responsables haïtiens. Cette mission visait à évaluer les projets financés par la BID et à soutenir la relance du PIC, confronté à des difficultés et à une baisse significative du nombre d’emplois. M. Goldfajn a réaffirmé l’engagement de la BID à diversifier les filières de production et à renforcer la qualification de la main-d'œuvre locale. De son côté, le gouvernement haïtien, par l’intermédiaire du ministre de l’Économie et des Finances, Alfred-Fils Métellus, s’est engagé à accompagner cette relance industrielle. Depuis son inauguration en 2012, le PIC a bénéficié de plus de 300 millions de dollars d’investissements de la BID, mais le nombre d’employés est passé de 12 000 à 3 000 en raison de la crise économique du pays. En parallèle, la délégation a également visité la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) à Ouanaminthe
RELATIONS INTERNATIONALES
La souveraineté d’Haïti est menacée par la signature d’un accord militaire sans consultation haïtienne: L'accord signé par les ministres dominicains Roberto Álvarez et Musalia Mudavadi autorise le survol et l'atterrissage d’aéronefs militaires dominicains sur le sol haïtien. Selon le Dr Josué Renaud de l'organisme NERHO, une telle décision aurait dû faire l'objet d'une consultation formelle avec le Conseil Présidentiel de Transition ou son ministre des Affaires Étrangères. Or, aucun représentant haïtien n’a participé à la signature. Cette situation est d'autant plus préoccupante que, parallèlement, la République dominicaine refuse toujours l’accès à son espace aérien aux vols commerciaux en provenance de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien. L’ambassade d’Haïti à Santo Domingo a refusé de commenter, invoquant l’indisponibilité de l’ambassadeur Fritz Longchamp. Dans un contexte où la mission kényane en Haïti reste incomplète, avec moins de la moitié des effectifs promis déployés, cet accord sans concertation avec Haïti soulève des inquiétudes sur la gestion sécuritaire du pays, qui semble de plus en plus échappée à son contrôle souverain.