En Haïti, les gangs s’étendent rapidement, surtout dans les zones urbaines Ils profitent de la crise politique, de l’effondrement des services publics et de la pauvreté pour s’établir. La coalition des gangs Viv Ansanm transforment des quartiers entiers en zones de non-droit, où les habitants vivent sous menace constante. Pour protéger les zones vulnérables, il est crucial d’examiner les mécanismes qui permettent aux gangs de prendre le contrôle et d’agir de manière proactive pour sécuriser les quartiers à risque.
Les quartiers sous contrôle des gangs partagent des caractéristiques communes, comme l’explique la théorie des zones délaissées (Skogan, 1990). Lorsque la présence policière est faible ou inexistante, un vide sécuritaire se crée, offrant aux gangs une opportunité de s’installer. Selon l’approche écologique urbaine (Shaw & McKay, 1942), la pauvreté et le chômage, en affaiblissant les communautés, rendent les habitants plus vulnérables à leur influence. Pour asseoir leur domination, les gangs utilisent la peur et l’intimidation, confirmant la théorie du contrôle social (Hirschi, 1969), selon laquelle le comportement des individus peut être manipulé pour maintenir une autorité.
Le mode opératoire du gang Viv Ansanm illustre parfaitement ces dynamiques théoriques. En profitant de l’absence ou de la surcharge des forces de l’ordre, ils s’implantent dans des quartiers où les institutions publiques sont déjà fragilisées par la crise politique. Ce processus reflète la théorie de la spiralité de la violence (Collins, 2008), où chaque épisode de violence alimente un cycle plus vaste d’insécurité. Une fois établis, les gangs utilisent la peur et la violence pour asseoir leur pouvoir, tout en exploitant les difficultés socio-économiques pour attirer des recrues. Leur domination repose également sur des activités lucratives comme le trafic de drogue, renforçant ainsi leur contrôle et leur capacité à s’étendre.
Les signes qui montrent qu’un quartier est sur le point de tomber sous le contrôle des gangs Viv Ansanm sont faciles à reconnaître, comme l’explique la théorie des signaux d’alerte (Gurr, 1970). Dans le cas de Christ-Roi, il y avait une augmentation de la violence, beaucoup de familles ont fui, et les écoles ainsi que plusieurs services publics ont dû fermer leurs portes. Tout cela montre que le quartier était en grand danger.
À Christ-Roi, la situation a montré exactement comment les gangs Viv Ansanm prennent le contrôle d’un quartier. Ils ont attaqué la police plusieurs fois, ce qui a fait augmenter l’insécurité. Beaucoup de personnes ont quitté la zone par peur, et les services comme les écoles et les centres de santé ont cessé de fonctionner. Ces actions violentes et organisées ont permis aux gangs d’établir leur domination.
La situation de Christ-Roi illustre parfaitement le mode opératoire des gangs comme Viv Ansanm et les dynamiques qui favorisent leur expansion. L’absence de l’État, la précarité économique et l’insécurité généralisée créent un terreau propice à leur implantation. Cependant, en identifiant les signes précurseurs tels que la montée des violences, l’exode des habitants et la détérioration des infrastructures, il est possible d’anticiper et de prévenir la prise de contrôle des quartiers vulnérables. Une réponse rapide, combinant des actions sécuritaires, sociales et économiques, est nécessaire pour empêcher d’autres zones de subir le même sort que Christ-Roi. Sans une approche proactive et coordonnée, les gangs continueront d’étendre leur emprise, menaçant toujours davantage la stabilité du pays et la sécurité de ses citoyens