Le match de la transition haïtienne ressemble depuis longtemps à une traversée houleuse menée par une équipe de marins politiques plus habitués à ramer chacun dans leur direction qu’à jouer ensemble. Sur le terrain, les passes sont brouillonnes, la défense est poreuse, et les supporters, une population épuisée par les crises, n’attendent plus grand-chose du spectacle. C’est dans ce climat lourd que Laurent Saint-Cyr, nouveau capitaine du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), fait son entrée.
Dès son premier geste, Saint-Cyr a opté pour le jeu simple et efficace : contrôle net, passe précise, appel au collectif. Pas de dribbles tape-à-l’œil ni de promesses irréalistes. Une posture calme qui a surpris les observateurs habitués aux débuts bruyants et brouillons. Comme un capitaine qui comprend que pour gagner, il faut d’abord calmer ses coéquipiers et reprendre la maîtrise du jeu.
En face, l’adversaire , la crise sécuritaire, joue un pressing étouffant. L’état d’urgence a été décrété dans l’Ouest, l’Artibonite et le Centre. Les gangs contrôlent des zones entières, provoquant plus de 239 000 déplacés. Le terrain est glissant, et la moindre perte de balle peut coûter cher.
Le CPT, c’est un vestiaire rempli de marins politiques aux ego affirmés, parfois plus occupés à négocier leur place qu’à chercher la victoire collective. Pour calmer le jeu, Saint-Cyr devra imposer un plan clair : discipline, passes coordonnées, et surtout éviter les fautes inutiles qui donnent des occasions à l’adversaire.
Comme dans tout match, le temps est compté. Les élections prévues pour février 2026 sont la ligne d’arrivée. Pas de prolongation, pas de penalty salvateur : il faudra marquer dans le temps réglementaire pour espérer une victoire.
En résumé, Laurent Saint-Cyr a bien contrôlé son premier ballon, redonnant un semblant d’espoir à une population épuisée. Mais il reste à prouver que cette belle entrée peut se transformer en une série d’actions décisives, jusqu’au coup de sifflet final. La question qui reste sur tous les lèvres reste la suivante : Le nouveau capitaine saura-t-il mener l’équipe des marins politiques vers une victoire collective, ou se laissera-t-il happer par les courants contraires ?