Le 21 août 2025, lors d’une réunion de l’Organisation des États Américains (OEA), Kimberly J. Penland, chargée d’affaires adjointe des États-Unis, a annoncé que Washington souhaitait doubler le nombre de forces internationales présentes en Haïti. Cette décision s’accompagne d’un projet de réorganisation du leadership, qui pourrait retirer le Kenya de la tête de la mission de sécurité multinationale (MSS), en place depuis 2023. Mais une question s’impose dès le départ : quelles sont les motivations de Washington ?
Selon les États-Unis, ce choix s’inscrit dans un plan global de 2,6 milliards de dollars sur trois ans, dont une partie servirait à reconstruire la Police nationale, réformer la justice et affaiblir les gangs. Derrière cette annonce, plusieurs raisons se dessinent : la volonté de limiter les flux migratoires vers la Floride, de contrer l’influence de puissances comme la Chine et la Russie, et de renforcer l’image d’une Amérique active face à une crise régionale.
La MSS, approuvée par l’ONU et dirigée par le Kenya, devait initialement compter 2 500 hommes. En réalité, moins de 1 000 forces étaient présentes en juin 2025, faute de financements et de logistique. Les gangs conservent donc une emprise forte sur Port-au-Prince et ses environs. C’est dans ce vide opérationnel que s’inscrit la nouvelle initiative américaine, qui veut transférer le leadership vers l’OEA et élargir la participation des pays d’Amérique latine. Mais peut-on espérer des résultats concrets ?
En parallèle, le gouvernement haïtien a signé un contrat de dix ans avec Vectus Global, société privée dirigée par Erik Prince. Ce contrat prévoit le déploiement de centaines de mercenaires pour sécuriser des routes stratégiques et même collecter certaines recettes fiscales. Cette initiative soulève une interrogation majeure : comment articuler la présence de soldats mandatés par les États et celle de mercenaires recrutés par contrat privé ?
L’annonce américaine et l’arrivée de mercenaires traduisent l’urgence de rétablir une forme de stabilité, mais elles ne répondent pas encore à la question de fond : la reconstruction d’un appareil sécuritaire et institutionnel haïtien. Tout dépendra de la capacité à renforcer la Police nationale, à réformer la justice et à impliquer les communautés locales dans un processus durable.Au-delà des chiffres et des promesses, cette intervention internationale pose une dernière question : cette intervention permettra-t-elle de sauver la transition et de mettre le pays sur les rails, et qui en profitera vraiment : le système ou la population ?