Depuis plusieurs mois, l’Administration Générale des Douanes (AGD) brandit le mot magique : “reset”. On promet une institution modernisée, digitalisée, enfin capable de collecter plus de recettes pour l’État. Les chiffres officiels semblent donner raison : pour l’exercice 2023–2024, près de 99 % des prévisions auraient été atteints, et pour la première moitié de 2024–2025, plus de 62 milliards de gourdes encaissés, soit 98,5 % de l’objectif. Mais une question brûle les lèvres : derrière cette vitrine de modernisation, ne retrouve-t-on pas la vieille corruption repeinte, celle qui, loin de servir l’intérêt public, continue de pressurer les citoyens ordinaires ? Car si l’État se félicite, la population, elle, dénonce. Des recettes gonflées… mais à quel prix ? Chaque gourde que l’AGD encaisse en plus n’est pas forcément une victoire. Car si les recettes augmentent parce que les agents imposent des surcharges injustifiées, ce ne sont pas les finances publiques qui se renforcent, mais les réseaux de corruption. Résultat : denrées, carburant, médicaments deviennent plus chers. Le peuple paie deux fois : d’abord à la douane, ensuite au marché. Des avertissements qui s’empilent Ce constat n’est pas nouveau. Le Fonds Monétaire International, dans son diagnostic 2025, alerte sur la vulnérabilité de l’AGD aux pressions politiques et économiques. La Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes soulignent, elles, la nécessité d’une transparence réelle face à l’insécurité qui perturbe les ports et postes frontaliers. Depuis plus de six ans, les rapports dénonçant les pratiques opaques s’accumulent — sans qu’une véritable rupture n’ait lieu. Un “reset” ou un maquillage ? Le mot “reset” évoque une remise à zéro. Mais ce que nous voyons, c’est plutôt une vieille machine repeinte, avec les mêmes rouages, les mêmes pratiques, les mêmes privilèges accordés à certains, pendant que les plus petits acteurs économiques se font écraser. Rompre avec l’hypocrisie La douane haïtienne pourrait être une colonne vertébrale de la reconstruction économique. Mais elle restera un gouffre tant que les dirigeants se contenteront de chiffres flatteurs et d’opérations de communication. Ce qu’il faut, ce n’est pas un “reset” de façade, mais une rupture radicale avec la corruption, l’opacité et les privilèges réservés aux élites. Car au fond, la vraie question n’est pas de savoir si les recettes augmentent, mais qui en paie le prix. Tant que le “reset” ne sera qu’un slogan, il restera le symbole d’une hypocrisie d’État : afficher la modernisation, tout en laissant prospérer les vieux démons de la corruption. Il est temps de rompre avec ce double discours et d’exiger une douane qui serve enfin le peuple, et non ses bourreaux.



Depuis plusieurs mois, l’Administration Générale des Douanes (AGD) brandit le mot magique : “reset”. On promet une institution modernisée, digitalisée, enfin capable de collecter plus de recettes pour l’État. Les chiffres officiels semblent donner raison : pour l’exercice 2023–2024, près de 99 % des prévisions auraient été atteints, et pour la première moitié de 2024–2025, plus de 62 milliards de gourdes encaissés, soit 98,5 % de l’objectif.


Mais une question brûle les lèvres : derrière cette vitrine de modernisation, ne retrouve-t-on pas la vieille corruption repeinte, celle qui, loin de servir l’intérêt public, continue de pressurer les citoyens ordinaires ? Car si l’État se félicite, la population, elle, dénonce.

Chaque gourde que l’AGD encaisse en plus n’est pas forcément une victoire. Car si les recettes augmentent parce que les agents imposent des surcharges injustifiées, ce ne sont pas les finances publiques qui se renforcent, mais les réseaux de corruption. Résultat : denrées, carburant, médicaments deviennent plus chers. Le peuple paie deux fois : d’abord à la douane, ensuite au marché.

Ce constat n’est pas nouveau. Le Fonds Monétaire International, dans son diagnostic 2025, alerte sur la vulnérabilité de l’AGD aux pressions politiques et économiques. La Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes soulignent, elles, la nécessité d’une transparence réelle face à l’insécurité qui perturbe les ports et postes frontaliers. Depuis plus de six ans, les rapports dénonçant les pratiques opaques s’accumulent — sans qu’une véritable rupture n’ait lieu.

Le mot “reset” évoque une remise à zéro. Mais ce que nous voyons, c’est plutôt une vieille machine repeinte, avec les mêmes rouages, les mêmes pratiques, les mêmes privilèges accordés à certains, pendant que les plus petits acteurs économiques se font écraser.

La douane haïtienne pourrait être une colonne vertébrale de la reconstruction économique. Mais elle restera un gouffre tant que les dirigeants se contenteront de chiffres flatteurs et d’opérations de communication. Ce qu’il faut, ce n’est pas un “reset” de façade, mais une rupture radicale avec la corruption, l’opacité et les privilèges réservés aux élites.


Pour  les citoyens, la vraie question est là : qui profite de ce reset ? Une chose est certaine : ce n’est pas le peuple, qui continue à payer la note — et de plus en plus chère. Il est temps de rompre avec ce double discours et d’exiger une douane qui serve enfin le peuple, et non ses bourreaux.