POLITIQUE
Washington accentue sa pression pour un calendrier électoral : Le 4 octobre 2025, par une déclaration vidéo officielle, l’ambassadeur américain Henry T. Wooster a exigé du Conseil présidentiel de transition (CPT) la présentation rapide d’un plan électoral concret. Ce rappel à l’ordre intervient alors que le CPT peine à établir un consensus national sur la tenue des scrutins. Derrière cette injonction diplomatique se cache la question fondamentale de la souveraineté : Haïti est-elle encore maîtresse de son propre calendrier démocratique ? La dépendance à la validation internationale souligne la faiblesse structurelle de l’État et l’absence d’une boussole politique interne.
Privert réclame la fin de la transition et rejette toute nouvelle Constitution : Le 2 octobre 2025, lors d’une interview sur Radio Métropole, l’ancien président Jocelerme Privert a affirmé qu’« aucune légitimité » ne justifiait l’écriture d’une nouvelle Constitution sous un pouvoir transitoire. Sa sortie, applaudie par certains juristes, relance le débat sur la continuité institutionnelle. L’ancien chef d’État met en lumière le risque d’un vide constitutionnel perpétuel, où chaque transition veut refonder la République à sa manière. En prônant la fin rapide de la transition, Privert replace la question du mandat populaire au centre du jeu politique.
Le CPT renonce discrètement à son projet de nouvelle Constitution: Dans la semaine du 30 septembre, selon plusieurs sources internes au Palais national, le CPT aurait mis en veilleuse son projet de nouvelle Constitution, initialement prévu pour consultation populaire en novembre. Cette volte-face, sans communication officielle, révèle un malaise politique : la transition hésite entre réformes symboliques et actions urgentes. L’abandon de ce chantier constitutionnel, même temporaire, marque la fragilité du leadership collectif et la crainte de nouvelles divisions dans une société déjà fracturée.
GOUVERNANCE
Un diplomate controversé nommé au MJSAC crée un scandale: Le 30 septembre 2025, un arrêté gouvernemental a confirmé la nomination d’un ancien cadre du Ministère de la Jeunesse, accusé de corruption en 2022, au poste de ministre-conseiller aux Bahamas. L’annonce, relayée par Le Nouvelliste, a soulevé l’indignation dans la société civile. Cette nomination illustre la banalisation des pratiques d’impunité dans la fonction publique. L’affaire, qui ternit l’image diplomatique d’Haïti, met à l’épreuve la volonté réelle de moraliser l’administration.
Le refus de publier les rapports du FNE alimente la méfiance : Le 3 octobre 2025, le Réseau Haïtien des Jeunes Acteurs pour la Citoyenneté (RHAJAC) a dénoncé dans une note publique le refus du Fonds National de l’Éducation (FNE) de publier ses rapports d’audit. Ce silence administratif sape la transparence d’une institution censée financer l’avenir du pays. En cachant ses comptes, le FNE compromet la crédibilité des politiques éducatives et alimente le sentiment d’un État replié sur lui-même. La responsabilité publique, encore une fois, reste un horizon à atteindre plutôt qu’une réalité.
JUSTICE
Le CSPJ sonne l’alarme sur l’état de siège du système judiciaire : Dans une résolution datée du 2 octobre 2025, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a déclaré que le système judiciaire haïtien est « en état de siège ». Entre paralysie des tribunaux, insécurité des magistrats et corruption endémique, l’appareil judiciaire s’effondre. Cette reconnaissance officielle traduit une crise d’autorité sans précédent : la justice, censée protéger, devient elle-même victime d’un environnement de peur. Sans réforme structurelle, la République restera sans pilier légal.
Des déplacés manifestent à Delmas pour dénoncer leurs conditions : Le 3 octobre 2025, plusieurs dizaines de déplacés internes ont marché dans les rues de Delmas pour dénoncer des conditions de vie inhumaines dans les camps provisoires, selon Defenders Plus. Ces manifestations, ignorées par les autorités, exposent la fracture sociale d’un pays où les droits fondamentaux sont traités comme un luxe. Le combat pour l’équité ne se limite plus aux tribunaux : il s’étend dans la rue, là où s’exprime la détresse des laissés-pour-compte.
ÉCONOMIE
La fin du programme HOPE/HELP frappe le textile haïtien : Le 1er octobre 2025, Washington a mis fin aux programmes commerciaux HOPE/HELP, qui permettaient aux exportations haïtiennes d’entrer sans droits de douane sur le marché américain. L’annonce, confirmée par le Wall Street Journal, représente un séisme économique : plus de 50 000 emplois menacés et une perte majeure de devises. La dépendance excessive à ce régime préférentiel met à nu l’absence de politique industrielle nationale. C’est tout le modèle d’« économie sous perfusion » qui s’effondre.
Les paysans du Nord-Est saisissent l’ULCC pour spoliation foncière : Le 2 octobre 2025, plusieurs organisations paysannes ont déposé une plainte officielle à l’ULCC, accusant des élus locaux d’avoir vendu illégalement des terres publiques à des intérêts privés. Ce geste de courage civique traduit une revendication plus large : le droit à la terre comme condition de dignité. Cette action pourrait ouvrir une brèche historique dans la lutte contre la corruption foncière. Mais son aboutissement dépendra du courage institutionnel d’une ULCC souvent accusée de partialité.
DIPLOMATIE
L’ONU approuve la Force de suppression des gangs : Le 30 septembre 2025, le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté la création d’une Force de Suppression des Gangs (FSG) de 5 550 membres, appelée à remplacer la mission MSS, selon Reuters. Cette nouvelle mission, à mandat élargi, soulève de fortes réserves sur la souveraineté du territoire haïtien. Si elle promet de rétablir la sécurité, elle rappelle aussi la longue histoire des interventions étrangères qui ont miné la dignité nationale. La paix imposée de l’extérieur demeure une paix fragile.
Haïti élu au Comité exécutif de l’OPS : Le 3 octobre 2025, l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a confirmé l’élection d’Haïti à son Comité exécutif pour deux ans, selon un communiqué officiel. Ce siège confère à Haïti une place stratégique dans la gouvernance sanitaire régionale. Après des années d’effacement diplomatique, ce retour sur la scène multilatérale témoigne d’un regain de crédibilité. Reste à savoir si cette présence se traduira en politiques publiques nationales concrètes.
CULTURE
Le Salon du Livre relance la vie culturelle de Port-au-Prince : Du 1er au 4 octobre 2025, le Salon du Livre de Port-au-Prince s’est tenu malgré un climat d’insécurité, selon le Ministère de la Culture. Écrivains, éditeurs et lecteurs se sont réunis autour du thème « Lire pour ne pas disparaître ». Cet acte de résistance culturelle incarne la vitalité d’une société qui refuse le silence. Dans le tumulte politique, le livre demeure un acte de foi collective.
Mémoire du 30 septembre 1991 : un passé qui éclaire le présent : Le 30 septembre 2025, plusieurs organisations de défense des droits ont commémoré les 34 ans du coup d’État contre Jean-Bertrand Aristide. Ces hommages rappellent que l’histoire des ruptures institutionnelles reste au cœur des tensions actuelles. Entre mémoire et actualité, le 30 septembre devient miroir : Haïti se regarde pour comprendre ses répétitions et ses dérives.
SOCIÉTÉ
Des déplacés manifestent à Delmas pour dénoncer des conditions de vie inhumaines : Le 3 octobre 2025, selon Defenders Plus, plusieurs dizaines de déplacés internes ont défilé à Delmas pour exiger une prise en charge décente après des mois d’abandon. Ces familles, chassées par la violence, survivent sans accès stable à l’eau ni aux soins. Leur mobilisation exprime la lassitude d’une population oubliée et la faillite d’un État incapable d’assurer ses obligations fondamentales.
Les déplacés de Carrefour-Feuilles réclament la subvention promise avant la rentrée scolaire : Fin septembre 2025, des centaines de familles installées dans des abris temporaires ont interpellé publiquement le gouvernement pour obtenir la subvention annoncée en août, destinée à la rentrée des enfants déplacés. Ce retard traduit la lenteur chronique de l’administration et la distance entre les annonces officielles et les réalités vécues. La crise humanitaire s’enracine désormais dans la bureaucratie autant que dans la misère.
Inondations à Baie-de-Henne : la population sinistrée appelle à l’aide : Le 2 octobre 2025, des pluies diluviennes ont frappé Baie-de-Henne, provoquant des inondations massives et d’importants dégâts matériels, selon HaïtiLibre. Les habitants sinistrés ont lancé un appel d’urgence à l’État et aux ONG pour un appui en vivres et en abris. L’épisode illustre la vulnérabilité extrême du pays face aux catastrophes naturelles et le manque chronique d’anticipation du système de protection civile.
La Gonâve en crise d’accès à l’eau potable : Dans la même semaine, la presse locale a signalé que plusieurs localités de l’île de la Gonâve vivent une pénurie d’eau prolongée. Les puits sont à sec et les camions-citernes insuffisants pour répondre à la demande. Ce problème, récurrent depuis plusieurs années, devient aujourd’hui une urgence sanitaire. Il traduit à la fois les effets du changement climatique et l’absence d’investissement durable dans les infrastructures de base.
La SOFA dénonce un Code pénal “paternaliste” et réclame la dépénalisation totale de l’avortement : Le 2 octobre 2025, selon un communiqué de la Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA), l’organisation féministe a critiqué la version révisée du Code pénal, qu’elle juge “paternaliste et rétrograde”. Elle demande la dépénalisation totale de l’avortement, estimant que la criminalisation actuelle met en danger la vie de nombreuses femmes et viole leurs droits fondamentaux. Ce plaidoyer, soutenu par plusieurs associations de défense des droits humains, relance le débat sur la santé reproductive, la liberté individuelle et le rôle de l’État dans la moralisation du corps féminin.
ÉDUCATION
Relance de l’alphabétisation à Marmelade : Le 1er octobre 2025, près de 200 moniteurs ont achevé une session de formation à Marmelade, selon le MENFP, afin de rouvrir les centres Alpha fermés depuis 2022. Cette initiative vise à redonner accès à la lecture et à l’écriture à des milliers d’adultes. Dans un pays où plus de 40 % de la population reste analphabète, cette démarche représente un acte de résistance intellectuelle et un pas concret vers la citoyenneté active.
Rentrée scolaire : contestations et promesses non tenues : Le 2 octobre 2025, la rentrée officielle au lycée Jean-Marie Vincent a été perturbée par un mouvement de contestation d’enseignants réclamant le paiement de plusieurs mois d’arriérés de salaire. Tandis que le gouvernement promettait un fonds d’urgence pour garantir la reprise des classes, la réalité des familles restait marquée par les frais insoutenables et le manque d’infrastructures. Cette dissonance entre annonces et vécu illustre l’écart croissant entre gouvernance éducative et besoins réels du terrain.