Haïti : Le système ne peut pas empêcher le soleil haïtien de briller



Malgré la crise, malgré la peur et le désordre, Haïti continue de briller à travers ses voix, ses artistes, ses jeunes et ses citoyens debout. Le système chancelle, mais la lumière du pays ne s’éteint pas. D’un ministère endetté à une chanson de révolte, d’un procès relancé à une victoire culturelle, cette semaine montre que le soleil haïtien, lui, ne cède jamais.

POLITIQUE

Privert alerte sur la dérive sans fin : Lors de la commémoration de Dessalines, Jocelerme Privert a dénoncé une transition politique sans issue. Il a appelé les Haïtiens à un sursaut collectif. Son message sonne comme un cri d’épuisement face à un pays bloqué entre promesses et découragement. Derrière ses mots, beaucoup ont senti le désarroi d’un peuple qui attend toujours un vrai changement.

Un Conseil présidentiel sous pression formelle :  Le 22 octobre, la communauté internationale a mis une pression formelle sur le Conseil présidentiel de transition (CPT) pour qu’il présente un plan électoral concret avant la fin de son mandat. À l’intérieur, les désaccords s’accumulent : composition du gouvernement, priorités contradictoires, méfiance mutuelle. Pendant que certains négocient leurs positions, le pays stagne. L’incapacité à agir finit par ressembler à une trahison envers le peuple.


GOUVERNANCE

Un ministère étranglé par la dette et la négligence :  Un rapport interne a révélé une dette de deux milliards de gourdes au ministère des Affaires étrangères. Cette somme donne la mesure du désordre administratif et du gaspillage des ressources publiques. Quand l’institution censée défendre la dignité du pays s’enfonce dans la faillite, c’est l’État tout entier qui perd la face.


JUSTICE

L’affaire Dorval revient sur la table :  Le parquet de Port-au-Prince a transmis, le mercredi 22 octobre, le dossier de Me Monferrier Dorval au cabinet d’instruction. Ce transfert marque une étape importante dans un dossier symbolique de la lutte pour la justice et la liberté d’expression. La désignation d’un nouveau juge d’instruction doit permettre d’éviter l’enlisement d’une affaire qui incarne l’impunité du pays.

Certification des magistrats : un geste pour la crédibilité :  Lors d’une réunion tenue du 24 au 25 septembre 2025 à l’Hôtel El Rancho, Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a certifié 73 magistrats sur 112 dossiers examinés. Il est à noter que 12 n’ont pas été certifiés pour divers motifs. Ce travail minutieux vise à rétablir un minimum de confiance dans un appareil judiciaire largement décrié. Même modeste, ce geste traduit une volonté : celle de redonner à la justice haïtienne sa valeur morale et institutionnelle.


SOCIÉTÉ

Le Yahshield Security Council reunit foi et citoyenneté :  À Delmas 66, des citoyens ont lancé le Yahshield Security Council, un mouvement qui veut unir la foi et l’engagement patriotique. Dans un pays rongé par la peur, cette structure veut redonner confiance, rappeler que la sécurité ne se limite pas aux armes, mais passe aussi par la solidarité et la conscience morale.

Les femmes rurales, piliers de la résilience nationale :  Le 15 octobre 2025, lors de la célébration de la Journée internationale des femmes rurales à Limonade, onze femmes ont été honorées pour leur travail en faveur de l’environnement et du développement durable. Leur engagement montre que la reconstruction d’Haïti se joue d’abord dans les mains de celles qui nourrissent et protègent la terre.


ÉDUCATION

Les élèves réclament le retour des professeurs : Des centaines d’élèves de plusieurs lycées publics ont marché pacifiquement à Delmas pour exiger la reprise des cours. Fatigués d’attendre des enseignants absents depuis des semaines, ils réclament le droit d’apprendre. Cette jeunesse qui manifeste sans violence rappelle que l’éducation reste la plus belle forme de résistance.



RELATIONS INTERNATIONALES

Le Royaume-Uni sanctionne deux figures haïtiennes :  Le 21 octobre, Londres a imposé des sanctions à Kempes Sanon et Dimitri Hérard pour leur rôle dans la déstabilisation du pays. Ces mesures confirment la volonté des puissances étrangères de cibler ceux qui financent ou protègent les gangs. Mais elles rappellent aussi que la souveraineté nationale reste sous tutelle morale.

Aide humanitaire pour affronter la tempête Melissa :  Le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies a débloqué 4 millions de dollars pour soutenir plus de 100 000 Haïtiens menacés par la tempête. Cet appui, vital mais temporaire, montre combien le pays dépend encore de la solidarité internationale pour répondre à ses urgences climatiques.


CULTURE

BIC Tizon Dife, la voix qui réveille :  Avec son titre Leta vs Ayiti, Roosevelt Saillant alias BIC livre une chanson coup-de-poing contre la corruption et la misère. Sa musique parle vrai, sans détour : elle dit la blessure du peuple et son refus de se taire. L’art devient ici un miroir de résistance.

Dalembert, la dignité faite écriture :  Le Prix littéraire Prince Pierre de Monaco a été remis à Louis-Philippe Dalembert pour l’ensemble de son œuvre. lors d’une cérémonie qui s’est tenue le 14 octobre 2025 à l’Hôtel Hermitage. Le prix, d’une valeur de 25 000 euros, a été remis par le Conseil du prix, présidé par la princesse Caroline, et a salué l’œuvre prolifique de l’auteur, qui raconte avec brio Haïti, ses racines et son histoire. 

Francia Sterlin, une mélodie classique pour la culture haïtienne :  Entre Montréal et Paris, deux femmes ont fait briller la culture du pays : Francia Sterlin avec son concert La Mélodie classique créole dans le cadre de la 24ᵉ édition du “Mois créole” à Montréal.  

Yanick Lahens, la littérature haïtienne en pleine lumière : Le 16 octobre, Yanick Lahens a été finaliste du Grand Prix du roman de l’Académie française pour son œuvre la plus récente. Cette reconnaissance internationale salue une écrivaine qui, depuis des années, explore les blessures et la grandeur de l’âme haïtienne avec une langue limpide et puissante. Par sa voix, la littérature haïtienne ne se contente pas d’exister : elle rayonne, elle dialogue, elle respire au rythme du monde sans jamais renier ses racines.


ÉCONOMIE

L’inflation ronge les foyers : es chiffres officiels montrent une inflation de 31,9 % sur un an. Les prix des produits de base et de l’électricité explosent. Chaque jour, des familles doivent choisir entre manger, se déplacer ou envoyer leurs enfants à l’école. L’économie n’est plus seulement en crise : elle met en danger la dignité des foyers.

Le FMI alerte sur un pays au bord du gouffre : Un rapport du FMI mentionne une septième année de récession consécutive. Les causes sont connues : instabilité, corruption, absence de réformes. Sans changement profond, Haïti risque de rester coincée dans une économie de survie, dépendante des dons et des transferts.



SÉCURITÉ

Montrouis sous le joug du gang Canaan :  Des hommes armés liés à Jeff Gwo Lwa ont pris le contrôle de Montrouis depuis le 17 octobre 2025. Leur objectif : étendre leur influence vers Saint-Marc. Les habitants ont fui, laissant hôtels et commerces à l’abandon. La côte autrefois touristique devient une zone fantôme, symbole d’un État absent.

Désarmes : une victoire fragile de la PNH :  Une opération policière appuyée par des groupes d’autodéfense a permis de neutraliser plusieurs bandits à Désarmes selon ce qu’annoncé le PNH ce samedi 25 octobre 2025. Les habitants ont salué le courage des forces engagées, mais tous savent que la bataille n’est pas finie. Tant que les causes profondes de la violence ne sont pas traitées, chaque victoire restera provisoire.


PERSONNALITÉS INSPIRANTES

Adelin Pierre, jeune leader pour le développement durable :  Reconnu par l’ONU parmi 17 jeunes du monde, Adelin Pierre porte la voix d’une jeunesse haïtienne qui croit encore à la paix et à la protection de l’environnement. Son engagement dépasse la reconnaissance : il incarne la preuve que la foi dans l’action reste plus forte que le désespoir.

Francia Sterlin, la voix du créole classique à Montréal :  Avec son concert La Mélodie classique créole, la soprano haïtienne a fait résonner la beauté de la langue et de la musique créole dans un espace international. Ce moment d’art et de mémoire rappelle que la culture est une diplomatie sans costume ni drapeau : elle parle à l’âme du monde.

Epaphras Gibbs, la fierté d’un négociateur haïtien :  Lors d’une conférence internationale aux États-Unis, Epaphras Gibbs a été désigné « Best Negotiator ». Ce succès individuel a une portée collective : il rappelle que les talents haïtiens continuent de se distinguer dans les espaces diplomatiques mondiaux, malgré les faiblesses du pays qu’ils représentent.


Chaque semaine, le désordre institutionnel d’Haïti s’étale un peu plus, pendant que la société, elle, continue de produire du sens, de la beauté et du courage. Le contraste est violent : un État qui s’effondre face à un peuple qui se relève. Ce peuple ne cherche plus des sauveurs, mais des repères. Les Haïtiens n’attendent pas que l’ordre revienne d’en haut ; ils le recréent, à leur échelle, dans la dignité du quotidien. Tant que cette conscience existera, aucune crise, aucune transition, aucun système corrompu ne pourra éteindre la flamme du pays.